EN MAI, FAIS CE QU’IL TE PLAÎT ?
Hier, lors d’une de mes incursions sur internet, avec ses nouvelles du monde entier, je suis tombée sur une information qui m’a fait hurler de rire. C’est rare, il faut en profiter.
Shozi MORIMOTO, surnommé « do nothing guy », a été viré de son boulot justement parce qu’il ne faisait rien. Vous me direz que ce n’est pas drôle et qu’il n’a que ce qu’il mérite. Bien vu. Ce qui m’a fait rire, c’est qu’au lieu de se lamenter, il a tiré parti de sa situation et s’est proposé sur le marché de l’emploi au Japon, sa patrie, comme un « do nothing guy », le gars qui ne fiche rien. Et, depuis lors, il gagne bien sa vie, tenant compagnie à l’un et à l’autre, faisant ce qu’on lui demande. Mais attention, pas de travail, n’est-ce pas. Il ne faut pas lui demander de bouger un frigo, il n’est pas là pour ça.
Le plus dur pour lui ? Faire la file en plein soleil ou… se tenir à rien faire sur une estrade.
Cela m’a rappelé ma répartie, dans une adolescence « spitante », à ceux qui me demandaient mes projets de carrière, je déclarais je voudrais être essayeuse de matelas !
Mais moi, je n’ai pas eu le courage de mettre ce projet en œuvre et j’ai choisi une voie un peu moins drôle.
Quoique. La théologie est parfois une partie de plaisir !
Revenons à Shozi MORIMOTO. Il paraît qu’au Japon il y a tellement de solitude qu’on paie pour avoir des amis. Là, je ris déjà moins.
Le fils japonisant dont nous bénéficions à domicile m’a assuré que cette nouvelle ne l’étonnait pas et, qu’au Japon, on payait pour avoir une famille de remplacement ou des enfants, des parents, un copain, une copine. Même des petits bouts de 5 ans sont payés pour jouer le rôle d’enfant.
C’est en effet moins drôle, cette solitude terrible, mais je suis partagée quand même sur les solutions trouvées pour la pallier. D’un côté, pourquoi pas : je donne une occupation à quelqu’un et je ne suis plus seul.e. C’est le principe des dames de compagnie, au fond, ou des suivantes si on est reine, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
D’un autre côté, on peut s’interroger sur le vouloir paraître, entouré d’une famille, d’amis…
Et chez nous ? Ne serait-ce pas une excellente option pour les chômeurs de longue durée, ou pour tous les fainéants de naissance, ce qui n’est pas nécessairement la même chose.
Oui, je sais, il y a les sites de rencontres, mais ce n’est pas le même créneau.
D’ailleurs, si nous nous référons à notre « spécialiste » MORIMOTO, il n’accepte pas de mission d’ordre sexuel, il est un homme sérieux, bon père de famille.
N’y a-t-il pas, aussi chez nous, de nombreuses personnes qui crèvent de solitude et qui seraient contentes de la briser moyennant espèces sonnantes et trébuchantes ? Il faut avoir les moyens. Evidemment.
Il va falloir être inventifs, les amis, avec le monde qu’on nous prépare, pour trouver des jobs qui font vivre…
Cependant, j’aurais une alternative à proposer, pour tous ceux qui disposent de tout le nécessaire et n’ont pas vraiment besoin de se faire payer : et si on se lançait dans l’offre gratuite d’amitié à ceux qui pleurent de solitude ? Et si on se souciait de ses voisins, des personnes âgées jamais visitées en maison de retraite, de malades abandonnés, d’enfants négligés.
Tout cela existe, je sais, mais pas de façon importante, sinon cela se saurait !
Juste une expérience vécue : lors de nos ventes de bougies pour Amnesty en hôpital, j’ai pu constater le besoin des gens de venir raconter leur vécu, leurs malheurs, leurs difficultés. Je pense que celui ou celle qui s’installerait là, à une table, avec une petite pancarte « je suis là pour vous écouter », aurait beaucoup de succès. Rien de plus, juste une oreille attentive, amicale.
En mai, fais ce qu’il te plaît ? Do nothing guy or girl ?
Ou
En mai, fais ce qu’il Lui plaît, dans la compassion, la gratuité, la bonté, le don de soi, le partage du temps ?
Si les chrétiens s’y mettaient tous, on verrait la différence… Chacun, chacune ajoutant sa pierre à l’édifice d’une société plus heureuse.
Yvette Vanescote
Mai 2025