SOUFFLE DE VIE
Aujourd’hui, 6 juillet 2024, un vent assez fort décoiffe les arbres du jardin. Ils auraient peut-être aimé profiter du premier jour de vacances bien tranquillement et abriter la sieste de ceux qui ne partent pas loin. Oublions ça, ce n’est ni le jour ni l’heure !!! Un vent qui secoue, qui agite, qui empêche de s’endormir, voici ce que me suggère le mot Esprit.
Et d’abord, faisons un sort à ce terme, je lui préfère celui de Souffle. Un souffle de vie comme celui que Dieu insuffle dans les narines de l’humain, lors de la création. Dieu souffle encore dans nos narines, pour que nous vivions pleinement. Respirons à pleins poumons cet air venu d’ailleurs, ce vent qui nous stimule, nous donne vie, nous réveille.
Un souvenir très ancien m’est revenu, dans ce registre du souffle, celui de la préparation à l’accouchement « sans douleur » : respirez, soufflez, madame, soufflez. Bloquez. Poussez ! Et là encore, l’importance du souffle qui donne vie. La joie qui éclate, après la douleur. L’enfant surgit au creux du souffle apaisé de sa mère.
Souffle qui donne vie, une image qui me parle.
Le jardin, source de surprises et d’amusement : tiens, un chêne pousse dans le pot de fleur ! Oh, des noyers prennent leurs aises dans mon petit parterre ! Et si vous tirez le jeune arbre en question, viennent une belle racine et la noix ou le gland, selon le choix du planteur à panache, car les écureuils aident (?) le jardinier à leur façon, en accumulant des réserves pour l’hiver ! Une surprise qui mériterait un tableau à la façon de Redouté, pour un herbier un peu naïf.
Voici donc une autre image, celle de l’inattendu, du Souffle qui fait sortir des sentiers battus, qui force à s’adapter, qui pousse à la créativité.
Il faut d’ailleurs bien souvent faire appel à son aide lors de la rédaction d’un texte ou lors de n’importe quelle création artistique et accepter qu’il nous conduise où nous ne pensions pas aller au départ. Vraiment surprenant !
On peut vivre des périodes difficiles, des temps de découragement intense, se sentir au « fond du pot » et voilà qu’un mot, qu’un geste affectueux, qu’une attention, qu’une aide inattendue vous remettent sur rail, vous poussent à remonter la pente, vous mettent la joie au cœur, vous donnent du tonus et alimentent votre « moteur » pour repartir vaillamment.
Le Souffle consolateur qui inspire tous ces gestes, toutes ces paroles, porteurs de vie.
Au moment de quitter ses disciples, Jésus leur promet sa présence au-delà de la séparation et en plus de cette présence spirituelle, il mandate les uns et les autres pour des missions de consolation.
Un Souffle léger, non un vent violent destructeur et qui arrache, qui détruit, ainsi Dieu se présente à Elie désespéré et réfugié dans une grotte, car on en veut à sa vie. Un Dieu qui écoute la plainte d’Elie, qui le soutient, qui lui donne des solutions.
Ce texte fort dévoile la nature d’un Dieu consolateur qui se donne à connaître par un murmure. Encore surprenant !
Et pourtant, on peut passer une vie entière sans sentir la présence de ce Souffle, de cette présence, de ce murmure à nos oreilles. Notre religion peut n’être qu’une coque vide, qu’une série d’habitudes, d’obligations morales, d’ordres à respecter…
J’ai bien dit « religion », car le mot « foi » aurait impliqué un autre contenu, je crois. Surtout une foi vivante, ancrée dans le message et la vie du Maître.
Une foi alimentée par le Souffle de Dieu, ce Souffle totalement libre de ses choix et de ses mouvements. Nul ne peut le prendre en otage, le revendiquer comme sien, l’emprisonner.
« Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. »
Universalité de ce vent qui souffle sur tout homme de son choix, une bonne leçon de modestie pour quiconque s’en veut être le détenteur exclusif
Yvette Vanescote
Juin 2025