Du pouvoir des fleurs et… des bonnes semences…

  • Oh, qu’elles sont belles ! En effet, elles sont belles, resplendissant de toutes leurs couleurs joyeuses. Elles n’attendent qu’une seule chose : être adoptées pour la vie et migrer de leur minuscules pots vers des espaces plus vastes où elles pourront s’épanouir. Des pensées et des primevères. Irrésistibles après un hiver morose à tous points de vue.

C’est que votre servante est arrivée au magasin de bricolage, clopin-clopant, assistée par son fidèle et solide « bâton de vieillesse », pour un achat tout autre que floral. Coup classique : les fleurs à l’entrée. Ils savent bien ce qu’ils font, les marchands d’outils ! -En plus, elles sont toutes fraîches ! Et mes pots qui n’attendent que ça, après avoir été négligés ! -Tu es certaine que cela va aller pour les planter ? -Mais oui, tout doucement… On ne va pas en acheter beaucoup…Je vais faire attention. Tu mettras le terreau près de moi…

Et, de fait, cela a été : on les a plantées, les six pensées et les six primevères. Pour Yvette, c’est un exploit de modestie et de frugalité, elle qui achète cent vingt bégonias et une quarantaine de géraniums à la belle saison… Ben voilà, il a fallu retourner pour autre chose, le lendemain, au même magasin, et elles étaient toujours là, les tentatrices… -J’en mettrais bien sur la terrasse derrière, c’est aussi triste que devant ! Yvette marche déjà mieux et médite de prendre l’air et le soleil… juste pour sa santé ! Et cela a été, tout doucement. Ce n’est pas encore fini, car la pluie s’en est mêlée. Surprise ! Au fil des heures, le dos s’est dénoué, la sciatique a quasi disparu. Ne me dites pas que c’est parce que je me suis enfin remuée, avec toute l’hydrothérapie, les gymnastiques en tous genres que je me paie ! Non, on va croire aux contes de fées, juste pour rire, et dire qu’elles ont agi d’un coup de baguette magique sur le moral et le reste ! Alors, oui, les médicaments, les traitements en tous genres, les pensées et les prières d’une foule d’amis, les soins et le soutien indéfectible de la famille ont agi lentement depuis trois mois, mais il manquait le poids des pétales de fleurs printanières pour faire pencher la balance… Comme dans l’histoire des flocons de neige : C’est le 751 973ème qui a fait casser la branche ! Tous les êtres rationnels vont se tordre de rire, mais moi je veux rêver et qu’on ne m’enlève pas ce plaisir après des semaines de désert.

Partons loin, au Sud Kivu, une région où il ne fait pas tellement bon vivre depuis des années. Danger et pauvreté règnent en maîtres. « Maman » Dorothée, veuve et mère de quatre enfants déjà grands, mais aussi pauvres qu’elle, s’est intégrée dans une coopérative soutenue par « Frères des Hommes ». Elle sait bien travailler la terre et spécialement cultiver le manioc. Elle s’est donc incorporée dans cette filière et a reçu des semences de manioc. De bonnes semences, exemptes de maladie. Un trésor pour Dorothée qui vit de peu. De plus, la coopérative va lui fournir une chèvre, source de revenus en plus du manioc et du petit commerce d’huile de palme pour faire du savon. Les semences, comme le flocon de neige vont aussi faire pencher la balance ! Ce sont les donateurs qui, comme les fées des contes « floraux », permettent à Dorothée de vivre dans la dignité et de se « redresser ».

Un flocon de neige, si léger, si doux, si fondant, pour changer le cours des choses… Et une si belle phrase de Paulo Coelho pour la route : « Ne vous découragez pas, c’est souvent la dernière clé du trousseau qui ouvre la porte ».

Yvette Vanescote
Avril 2024