“L’arc-en-ciel de la grâce de Dieu : nos diversités réconciliées Christ »
En septembre 2021, avec une certaine timidité, nous avons repris notre vie communautaire.
Espérant que les appréhensions liées à la pandémie seraient derrière nous, que nous en aurions tiré des leçons pour « fonctionner » différemment, nous souhaitions nous relancer avec énergie et fougue pour « rattraper le temps perdu ».
Voilà pourquoi le consistoire avait choisi le thème « Elargis l’espace de ta tente ! Qu’on déploie les toiles de ta demeure : ne retiens pas ! Allonge tes cordages, et affermis tes pieux » (Es 54 :2)
Le mot d’ordre d’Esaïe était clairement empreint de confiance et d’espérance !
Au terme de cette année, avec lucidité et objectivité, nous devons reconnaître que, collectivement, le bilan de cette année reste mitigé … en tant que communauté, nous n’avons pas élargi l’espace de notre tente autant qu’espéré.
Durant le confinement, des alternatives aux rassemblements communautaires ont été trouvées sur le net. En manque d’enseignements et de célébrations « en présentiel », nous nous sommes «nourris » à des sources qui nous ressemblaient très fort en privilégiant les « expériences familières» (force et faiblesse du Net et de ses nombreuses ressources)
Nous avons ainsi, petit à petit, perdu le contact avec la diversité, les diversités qui constituent notre communauté, et nous nous sommes éloignés de la pratique et l’exigence de ces diversités: les « pantoufles » ont remplacé les « chaussures de ville» !
Il est plus facile et confortable d’entendre ce qui « flatte notre oreille » et nous conforte dans ce que nous pensons et croyons que de nous exposer à ce qui nous bouscule et déplace nos références.
Le retour « à la réalité » a mis en évidence notre frilosité et nous devons déplorer une réelle « perte d’allant » pour venir à la rencontre des frères et des sœurs.
Au cours de l’année, des sujets d’actualité étaient proposés : soirées de réflexion et d’échanges sur le racisme, sur l’écologie, sur l’afropéanisme, etc. Même le WE de paroisse, moment phare de notre vie communautaire, n’a pas attiré autant de monde qu’espéré.
Le thème était pourtant particulièrement novateur et accrocheur, tout spécialement pour une communauté comme la nôtre !
Il est temps non seulement de quitter nos pantoufles, mais surtout de rechausser nos bottines de marche ! Le consistoire souhaite donc prolonger la réflexion de l’année dernière et remettre en exergue la chance que nous avons d’être une communauté plurielle, tant sur le plan culturel que théologique et spirituel.
Le Seigneur nous offre au Botanique un cadeau inégalé ! Allons-nous nous en désintéresser ?
Ces diversités sont l’héritage que nous lèguent les générations passées, qui l’ont accueillie avec reconnaissance et surprise, peut-être appréhension aussi, mais l’ont patiemment cultivée, entretenue. Elles nous sont confiées pour qu’elles portent encore plus de fruits.
Par ses plus de 20 nationalités et les diverses tranches d’âge présentes, le Botanique est un merveilleux vitrail qui permet à la Parole de Dieu de se révéler dans ses multiples richesses et nuances !
Chacun de nous est une couleur que Dieu a créée pour faire voir au monde la richesse de sa Présence.
Mais notre couleur ne prend sa singularité et sa beauté que placée à côté d’une autre : le bleu étincelle grâce au jaune, le rouge grâce au vert, etc. Une juxtaposition des mêmes bleus, des mêmes jaunes, des mêmes rouges, ou des mêmes verts les rendrait bien fades !
C’est la lumière de Dieu qui nous donne de briller et de scintiller les uns grâce aux autres.
La symbolique de l’Arc-en-ciel nous donne de savourer encore davantage cette richesse des couleurs diverses mais unies.
L’arc-en-ciel est visible quand des gouttes d’eau sont en suspension dans l’air et que brille une puissante source lumineuse placée derrière l’observateur.
La Lumière unique se difracte dans les gouttes d’eau et révèle 7 couleurs accolées les unes aux autres : rouge, orange, jaune, vert, bleu indigo, violet.
« Dieu lumière » qui se donne à voir dans les diversités de ses enfants : comment pourrions-nous nier la présence, l’apport, la richesse, les originalités de ces diverses « couleurs » culturelles, théologiques, spirituelles, sociales, éthiques, politiques, etc ?
Certes, ces diversités sont coûteuses : ne pas avoir pleinement ce à quoi l’on aspire, rester parfois sur sa faim, ne pas être toujours convaincu par un argument, être parfois franchement en désaccord, mais combien d’heureuses surprises et découvertes ne nous ont-elles pas été offertes, au détour d’une « frustration » ?
L’arc-en-ciel est bien évidemment d’abord le 1er signe d’Alliance que Dieu a conclue avec l’humanité au terme du déluge : le Seigneur « reconnaît » que répondre à la violence et la méchanceté des hommes (Gen 6 : 5s) par une autre violence est une impasse qui conduit à l’anéantissement de (presque) toute vie.
Répondre à un manque et à une déception par l’agressivité et le déchaînement de la force destructrice aboutit à un échec.
Dieu décide donc d’un « armistice » et « dépose » son arc dans le ciel (Gen 9 :13).
La création est donc le lieu où Dieu décide de manifester clairement sa volonté de prendre non seulement l’humanité tout entière comme partenaire, mais également l’ensemble du vivant (Gen 9 : 15) .
L’arc-en-ciel est donc signe de cette grâce dont Dieu recouvre toute sa création.
Il témoigne de l’impasse de la violence et du rejet de l’autre.
Aucune vie n’est possible dans le refus, la condamnation et le rejet de l’autre.
Nous sommes couverts par cet engagement de Dieu envers nous, et la voie nous est tracée.
Nous sommes enveloppés de cette grâce et donc rien de mal ne peut plus nous arriver si nous nous inscrivons dans cette dynamique d’alliance, de reconnaissance de l’autre et d’accueil inconditionnel de qui il.elle est.
N’ayons donc pas peur d’aborder des sujets délicats, exigeants, qui demandent écoute, patience, dialogue, remise en question : parfois nos diversités, nos identités multiples nous conduisent à des déclarations, des prises de position, des décisions que nous justifions bibliquement, mais qui sont également influencées par une culture, une pratique, un univers de référence qui nous est propre et que nous établissons comme la norme pour tous.
Ayons le courage de nous atteler à des « chantiers » tels que ceux-là car ils seront lieux de découvertes et de croissance pour tous, en Christ. Nous en serons tous bénis.
La Croix est le lieu par excellence où le Christ a consacré nos diversités et nous donne de les recevoir comme un cadeau de sa part (Eph 2 : 14).
Sur l’instrument d’humiliation, il a mis à mort le rejet et le déni de l’autre.
Nos diversités sont réconciliées par la Croix, par le don que le Christ a fait de lui-même pour abattre les murs de séparation et nous réconcilier comme corps divers avec le Père (Eph 2 : 15-16).
Je suis reconnaissante au Seigneur de cette nouvelle année qui s’ouvre devant nous, remplie de défis et magnifiques opportunités : ouvrons-nous, rencontrons-nous, discutons, argumentons, ECOUTONS-NOUS, sachons discerner le beau et le bon en chacun.
Dans les diversités de nos parcours, de nos identités, de nos pratiques, de nos projets nous découvrirons la grâce de Dieu qui nous unit et nous envoie comme témoins.
Très belle année à chacun, chacune … et à NOUS TOUS !
Pasteure Isabelle Detavernier