Introduction au Calendrier de Carême 2025

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Jour 29 : Lundi 7 avril

Jamais jusqu’à présent je n’avais envisagé de réel temps de préparation à Pâques, sinon la Semaine sainte, bien différente des 51 autres de l’année. Perplexe dans un premier temps, je n’ai vu dans cette perspective que du vide et le premier résultat en fut une page blanche. Ce vide, au lieu de chercher ensuite à le combler, je me suis surprise plutôt à le creuser et, par une après-midi lumineuse de mars, en a germé une réflexion sur… le « vide », autour d’un thé vert japonais, dont je suis très amateur et auquel j’ai découvert une vertu pédagogique. En effet, pour profiter pleinement de cette boisson toute en subtilité, une des règles de l’art réside dans la température de l’eau : il ne faut surtout pas attendre le « clic » de la bouilloire électrique machinalement allumée ni verser le liquide bouillant sur les précieuses feuilles dans une théière préchauffée. L’eau ne doit pas dépasser 70°, ce qui demande de la précision. Frémir et non bouillir : un des secrets pour un résultat optimal.

Mais quel rapport entre le « vide » et ce fameux thé vert ? Frémir et non bouillir.

Dans le bouillonnement de nos vies trop remplies, de nos horaires serrés, de nos pas pressés, de nos accomplissements toujours insuffisants et de nos quêtes insatisfaites, faire le choix du « vide » est une démarche détoxifiante et ascétique. « Choisir » est un premier pas. Le « vide » en est un second car qu’est-ce qui nous fait donc courir chaque jour qui ne soit éphémère ? « Pour qui, pour quoi travaillons-nous ? » (Jacques Ellul) .

Se décharger : la facilité ou la paresse, peut-on penser. Loin du désengagement, c’est au contraire un acte exigeant, celui du pas de côté qui permet de s’éloigner du « guidon » et de voir autrement. Créer du « vide » n’est pas plonger dans le néant, mais s’offrir un espace élargi pour une conscience étendue de soi, d’autrui, du temps, du monde, de Celui qui tout relie. Reprendre son souffle pour retrouver Son souffle.

Temps de vide, mais non passage à vide ; temps d’attente pour tant d’attentes souvent déçues ; temps suspendu, mais non perdu ; temps du silence et de l’essence ; temps gagné sur nos courses galopantes. Choisir du « vide » pour refaire le plein, retrouver sens, reprendre Vie.

Frémir et non bouillir pour mieux vibrer. Vibrer pour ce qui compte et ce qui dure, non seulement à « l’heure du thé fumant et des livres fermés » (Paul Verlaine), mais dans un doux Carême qu’on voudrait permanent.

Laurence DRUEZ
250407